(19 juillet 2012, édité le 11 décembre 2012)
Aussi loin que je me souvienne, la musique a toujours été le fil conducteur de ma vie. Des emballages en carton de guitares où je m’endormais aux concerts qui ont rythmé mon adolescence, du CD de Queen que j’essayais, du haut de mes 4 ans, de discrètement subtiliser à mon cousin, à la découverte de Pink Floyd le dimanche matin sur MCM Pop, de la profession de mes parents à celle que je veux exercer, tout a toujours été rythmé par un quelconque riff de basse, un quelconque extrait de paroles lourd de sens, un quelconque festival passé avec des personnes tout sauf quelconques. La musique est un art, un mode de vie, un échappatoire à la codification incessante de notre société à laquelle nous sommes confrontés chaque jour. La musique est un idéal d’expression et de liberté, un message contradictoire de guerre et de paix, de haine et d’amour, un condensé de vie que les critiques cherchent désespérément à estampiller de “commerciale”, “dépassée”, “à la mode”, “nulle”, “bonne”, “vraie”. La musique ne s’écoute pas seulement avec les oreilles: elle s’écoute avec les tripes. Elle appelle à nos souvenirs, à nos expériences passées, à tout cet amas de détails qui forment le tout que nous sommes. N’avez-vous jamais zappé une chanson en mode aléatoire car elle touchait un point sensible ? Notre passé formate notre expérience de la musique, et à ma connaissance il n’y a pas deux personnes au passé semblable. Alors pourquoi tenter d’imposer aux gens un genre qui ne leur convient pas ? Pourquoi dénigrer une adolescente car elle écoute un boysband, alors qu’elle détermine sa propre culture musicale ? Pourquoi regarder de haut le public d’un festival particulier ? A cause d’un code vestimentaire différent ? Qu’y a-t-il de si gênant dans le fait que quelqu’un n’adule pas le groupe que vous vénérez depuis votre plus tendre enfance ? (Au pire, ça vous laisse toujours plus de chances pour obtenir une place de concert.)
Je ne renie pas la discussion autour de la musique, et des goûts de chacun en général. Après tout, “toute la vie n’est qu’une querelle sur les goûts et les couleurs” (Ainsi parlait Zarathoustra). Loin de moi l’idée d’un jour oser contredire Nietzsche. Cependant, je trouve qu’il serait appréciable qu’il y ait plus de touches personnelles dans les critiques: en clair, au lieu de démolir l’album favori de votre voisin (ce qui peut parfois s’avérer être agréable et un délicieux défouloir, j’y consens), dites-nous plutôt ce qui vous prend aux tripes dans votre hymne personnel.